... c'est bon pour les chaînes de vélos.


Retour sur 3 semaines dans le pays de la feta.


Le ferry

On est arrivé en ferry à 23h30 à Igoumenitsa au nord-ouest de La Grèce. 8h de traversée c'est fatiguant, plus que le vélo. Heureusement on s'est fait des copains Italo-français, cyclistes eux aussi.



Une nuit à l'hôtel, petite lessive, une grosse grasse mat et c'est reparti direction le sud... à peine 15km et on s'arrête dans un camping paradisiaque au bord d'une mer transparente digne du film Mamma Mia. On ne pouvait pas rêver mieux ! On rencontre un couple d'autrichiens, le mari qui est prof d'histoire nous donne des conseils sur les bons coins à voir en Grèce. Ils nous permettent de faire cuire nos pâtes - importées d'italie - dans leur camping car.


Le grillon

On repart le long de la côte en dormant dans des campings fermés, donc gratuits mais quand même avec douche et électricité. Une nuit, un grillon est venu chanter juste à côté de la tente, juste à côté de nos têtes. À 2h du matin, pieds nu, en calçon, à moitié endormi je le chercher désespérément avec ma lampe torche pour le faire taire - l'écraser sans aucune pitié - mais impossible de le trouver parce que ce bâtard s'arrête de grillonner dès que je m'approche. Dépités, on finit par déplacer la tente 20 mètres plus loin. Précisons que c'est la deuxième fois que ça nous arrive cette histoire de grillon. La première fois c'était sur une place d'Italie, et c'est Inès qui l'avait chassé sans succès. Le lendemain, en enfilant sa chaussure elle sent gigoter quelque chose entre ses orteils. Quelle fut notre stupeur en voyant le grillon tapageur sortir de sa chaussure !


L'ile de Kefalonia

Beaucoup de dénivelé sur cette île et des paysages méditerranéeens à couper le souffle. Comme souvent, quand ça monte c'est beau. L'île est encore très sauvage. On dort au sommet de la montagne sous un olivier et le matin on redescend à fond la caisse au milieu des chèvres sauvages qui ne sont pas très effrayées par nos vélos. Ça sentait fort la biquette.



On a passé quelques jours dans un camping, remplis de chats, à Sami. On y rencontre d'autres cyclotouristes, deux couples de Suisse, avec qui on échange des astuces et des histoires. Je note quand même que c'est nous qui avons les sacoches les plus légères, et de loin ! Faut dire qu'un des couples avait des chaises pliantes, trois casseroles et un hammac en plus de la tente.


A Sami on déguste le meilleur tarama qu'on a jamais mangé de notre vie, de la feta grillée et un hummus qui n'a pas été surpassé jusqu'à présent, même en Turquie.


Les cailloux

C'est au premier soir sur le Péloponèse qu'on arrive à se faire accueillir chez Georgia, notre seule hôtesse "spontanée"  - c'est à dire pas warmshower - de Grèce. Avouons qu'on a essuyé quelques échecs cette soirée là. Pas facile de se faire accueillir quand on ne parle pas grec même avec le traducteur. Merci Georgia t'es la meilleure !



Le jour d'après on découvre la ville d'Olympie. Notre jugement est sans appel : c'est un champs de cailloux, avec, à côté, un musée très ennuyeux. Ne payez pas douze euros pour ça. Plus tard à Corinthe, lors d'un dîner avec deux couples de toulousains en camping car, Marie Jo confirmera notre impression: "un champs de cailloux !". Ça faisait tellement plaisir de voir des compatriotes, on a bien rigolé ce soir là.


Après Olympie, les monts Arcadiens nous offrent un magnifique spectacle de paysages sauvages... gratuit celui là ! Couchers et levers de soleil illuminent tous nos soirs et tous nos matins de cette semaine en pleine nature. À cette altitude, entre 800 et 1200m, on retrouve la fraîcheur qu'on avait plus eu depuis le printemps dans les Alpes.



Athènes

Après une petite semaine de calme dans la montagne, Athènes nous a paru bruyante, mouvementée et sale. J'ai l'impression que je pense ça de toute les grandes villes.... mais non ! J'écris ces lignes d'Istanbul, je ne dirais pas ça d'Istanbul.


On était installés au camping de la ville, à côté de la route nationale, une grosse 2x2 voies à 100 à l'heure, mais sur laquelle il y a quand même des feux. Les quartiers autour de cette route sont vivants, on y a apprécié un petit restaurant grec sans menu traduit en anglais, le serveur ne parlait pas anglais. Il ne s'attendait pas à voir des touristes ! D'habitude ils vont dans les quartiers autour de l'acropole.


D'ailleurs le quartier de l'Acropole est cerné de magasins de chinoiseries. On a regardé l'acropole d'en bas parce qu'on ne voulait pas payer 20 euros pour voir encore des cailloux. On n'a pas vu grand chose.


On est passé par un quartier extrêmement pauvre rempli de squats et de migrants.


Le ferry II

Notre plan ici était de prendre un ferry à travers les Cyclades, les iles entre la Grèce et la Turquie, et d'arriver en Turquie par la mer. Mais les liaisons étant coupées on n'avait pas d'autres choix que de passer par la frontière terrestre au nord. C'eût été trop long de remonter toute la Grèce d'Athènes à Thessalonique, alors on décide de prendre un bateau pour remonter la mer Egée. On était vraiment impatients d'aller en Turquie.


Au port de Lavrio, après 60 km de vélo dont la moitié à travers les petites rues d'Athènes, on arrive au guichet qui nous apprend que le bateau ne part pas le lundi. Il est 19h, la nuit tombe... On avait prévu de dormir dans le bateau c'est fichu ! Après avoir bien pesté sur notre incapacité à lire une fiche d'horaire de ferry, on s'apprête à mettre notre tente dans un coin du port. Inès tente sa chance sur warmshower: on obtient une réponse quasi immédiate d'un couple de cyclistes qui peuvent nous accueillir à l'improviste pour la nuit ! Et c'est ainsi qu'on passe la soirée à échanger des souvenirs de voyage avec Kyrie et George, cyclistes star en France car c'est eux qui sont sur la couverture du guide de l'eurovelo 6 Nevers-Bâle. Heureusement qu'on s'est trompés de jour, finalement !


Les loups

Au nord de la Grèce on renoue avec le froid et la pluie. Il a tellement plu qu'on galère à trouver un coin sec pour la tente. En plus mon duvet est humide parce que je l'avais rangé dans une des sacoches avant qui ne sont qu'à moitié imperméables. Comme il n'avait pas plu depuis avril je ne faisais pas attention à ce détail. Bon, je prends ça avec bonne humeur ! Surtout qu'on assiste à un superbe coucher de soleil sur la réserve naturelle dans laquelle on s'est installés.



La nuit tombe, on fait notre prière du soir "Seigneur, nous te remercions pour cette belle journée, garde nous du danger durant cette nuit... " Quand soudain, à une petite centaine de mètres de la tente, un loup se met à hurler.


- "Encore ces chiens errants. Ils commencent vraiment à me soûler ceux là"

- "T'es sûr que c'est un chien ?"

- "C'est quand même pas un loup ?"


Au loin, mais pas si loin, de partout autour de la tente, d'autres hurlements se font entendre. Les loups hurlent ensemble, c'est magnifique.


- "y'a des loups en Grèce ?"

- "Regarde sur internet"


Quand j'y repense, c'est quand même curieux qu'on ait besoin d'aller sur internet pour accepter qu'il y ait des loups ici, alors qu'ils sont sous nos yeux. La réalité n'est plus déterminée par ce que l'on voit ou ce que l'on entend mais par ce qu'on lit sur internet.


Sur Google je tape "loup en Grèce" et j'obtiens : "en Grèce, les loups n’ont jamais disparu.Ils sont désormais environ un millier dans le pays" (source)


Et puis plus loin:



Ah.


D'accord. On ne panique pas. Le village le plus proche est à 10km. Mais dans la nuit noire on ne se sent pas trop de bouger.


Je cherche: "Que faire en cas d'attaque de loup " et je tombe sur cet excellent article.


Je lis: "Si vous essayez de fuir [...] leur instinct de prédateur pourrait refaire surface."


Ok on bouge pas de la tente.


"Évitez les endroits où les loups ont été aperçus."


Génial comme conseil. C'est du niveau : "Comment soulager une brûlure ? Évitez de vous brûler"


"Les loups hurlent pour revendiquer leur territoire"


Ne vous inquiétez pas messieurs les loups, on reste pas longtemps ! Promis on s'en va demain matin !


"N'essayez pas d'imiter le hurlement du loup. [...] les loups sont connus pour accourir quand les humains imitent leur cri"


Ça, ça va c'est facile à faire.


"Si les loups rôdent autour de votre camp, allumez un feu pour les tenir à distance."


Allumer un feu dans ce champs de flotte ? C'est au delà de mes compétences. Il n'y a pas un bout de bois ni un brin d'herbe qui ne soit pas trempé. Où est Charles quand on a besoin de lui ? Je bricole quand même deux torches avec mon bâton et du PQ imbibé de graisse de chaîne. En attendant il ne reste qu'une chose à faire : prier saint François, c'est lui l'expert des loups enragés.


Je m'endors en pensant à la bête du Gevaudan. Elle, au moins, elle est de mon pays. Je me promet que si on s'en sort, je me rase la tête. Inès aussi s'endort, mais le sommeil est léger. Vers 2h du matin j'entends des bestioles qui passent pas loin de la tente. C'est eux ? Inès ne s'est pas réveillée et ne les a pas entendu. Les bruits cessent. À 4h des hurlements se font de nouveau entendre... mais beaucoup plus loin cette fois ! Ils sont allés revendiquer leur territoire ailleurs. Je m'endors jusqu'à l'aube.


Jamais je n'ai été aussi heureux que ce soit le matin. Les frayeurs de la nuit paraissent si loin ! On reprend la route en direction de la Turquie. Quelques kilomètres plus loin, un panneau nous indique qu'on rentre dans une réserve où se trouve une faune très diverse notamment des loups, des ours, des belettes... On se promet de ne plus jamais camper loin des villages.


Conclusion

L'industrie du tourisme fait ravage en Grèce. Les prix sont élevés, on a trouvé que tout était beaucoup plus cher qu'en Italie. Les zones sauvages au cœur du Péloponnèse ou l'île de Kefalonia sont magnifiques. Si on devait y revenir on ne passerait pas par Athènes ni Olympie. C'est compliqué mais il faut avoir le courage parfois de ne pas passer par les zones touristiques, d'éviter "les choses à voir" pour voir, justement, ce que personne ne voit.

Enfin, la feta c'est tellement bon. Et le halloumi aussi.