Fichue Suisse ! Je publie l'article hebdomadaire avec un jour de retard car hier je n'avais pas internet.


Pour l'article de cette semaine, nous accueillons Inès Joly, voyageuse intrépide, pédaleuse infatigable et - Inès me souflle: "traductrice super forte". - OK, ça va les chevilles ?



Jean Jacques Bourdin: Inès Joly, vous n'avez pas honte ?


Inès Joly : Je vous demande pardon ?


Vous abandonnez ainsi vos amis, votre travail, votre famille pour aller vagabonder comme une bonne à rien dans la nature ? Vous n'avez pas honte ?


Vous savez parfois il faut savoir prendre du recul. Le métro-boulo-dodo ne nous laisse pas suffisamment de temps pour réfléchir. Et ce que vous appelez "vagabonder" ce n'est pas de tout repos ! C'est du sport que de pédaler toute la journée - souvent en ce moment sous la pluie - trouver un endroit pour planter la tente, dormir dehors... Mais c'est un rythme qui nous laisse le temps pour réfléchir et pour lire.


Vous lisez quoi en ce moment ?


Je viens de finir le "Bug Humain", un très bon livre.


À quoi est ce que vous réfléchissez ?


Je réfléchis à ma vie d'après le voyage : à ce que je garde et à ce que je change de ma "vie d'avant" . Pour moi, ce voyage est une transition. Voyager au jour le jour me permet d'être libre d'esprit et de laisser parler ce que j'ai au fond de moi.


On a appris par la presse, que vous étiez blessée ? Nos lecteurs veulent savoir. Où et comment vous êtes vous blessée ?


À force d'avoir appuyé sur mon poignet, j'ai comprimé mon nerf ulnaire, sur la main gauche, et j'ai deux doigts, l'auriculaire et l'annulaire qui sont "comme endormis", je les sens toujours, mais ma main a moins de force.


Mais vous continuez à rouler malgré cette blessure ?


Selon le médecin, tant que je n'appuie pas dessus, ça devrait pas s'aggraver. Je porte une attelle pour cela. Ça pourrait même partir progressivement... Il faut attendre pour savoir si ça va se remettre tout seul, ou s'il faudra opérer.


On parle aussi d'un genou ?


Oui j'ai mis du temps à trouver la bonne hauteur et position de selle. Mon genou gauche me faisait mal jusqu'à ce que j'ai enfin trouvé la bonne position !


Décidément toutes ces blessures ont du attaquer votre moral !


Un peu par moment, mais, monsieur Bourdin, vous ne parlez que de détails qui n'ont que des petites influences ponctuelles ! Le reste du temps ce voyage est très agréable.


Ah! Justment, parlons des moments positifs ! Qu'est ce qui vous plaît actuellement ?


J'aime bien être dans la nature toute la journée. On entend les oiseaux qui chantent et on regarde les animaux. On a vu pleins de cigognes, des hérons cendrés, des canards sur les canaux, mais aussi des chèvres et des vaches (rire). Les paysages sont jolis et évoluent lentement de région en région, au fur et à mesure que nous avançons. Et surtout, on avance à notre rythme, on décide du programme de la journée en fonction de la météo et de la motivation.

Et au final, nos défis quotidiens c'est : où avancer, quoi manger, où dormir et rester le plus sec possible. On prend régulièrement soin de nos vélos aussi.


Et Raphaël dans ce voyage ?


Heureusement qu'il est là, c'est réconfortant d'être deux dans ce voyage. Il me laisse dormir du côté que je préfère dans la tente et il prépare de bons repas sur le réchaud. Il sait aussi réparer les vélos, et m'encourager quand c'est dur. Il ne cherche pas à aller trop vite, ça c'est cool.


Racontez nous le moment qui a été le plus difficile pour vous ?


La première journée de pluie. La veille il faisait grand soleil, et d'un coup il s'est mit à faire froid et la pluie est tombée. Quand on s'arrêtait à l'abri il faisait froid et je dois dire que je n'aime vraiment pas l'humidité (rire). Cette journée était vraiment très dure d'autant que la pluie n'a pas cessé d'augmenter tout au long de l'après midi.


Et votre moment le plus heureux ?


J'en ai deux : quand on a rencontré Yves qui nous a invité à venir chez lui et quand on a rencontré Henri et Claudia en vélo, qui pareils, nous ont, invité.


Est ce que vous êtes fière ?


Oui je suis fière d'avoir pédalé autant, de faire de grosses montées en vélo, malgré la pluie et les blessures. Je suis fière de dormir en camping sauvage (parfois) , et contente de voir que je peux vivre avec peu de chose. Finalement je n'ai pas besoin de grand chose pour être heureuse.


Vous êtes heureuse ?


Oui j'imagine.


Un dernier mot pour nos lecteurs ?


Vous aussi, demandez vous régulièrement ce qui vous rend heureux.